Le Congrès de l’Europe à La Haye (7 au 10 mai 1948)

Le Congrès de l’Europe à La Haye (7 au 10 mai 1948)



Du 7 au 10 mai 1948 se tient à La Haye un grand congrès international de l'Europe sous la présidence d'honneur de Winston Churchill. Le comité international de coordination des mouvements pour l'unité européenne y réunit près de 800 personnalités en provenance de la plupart des pays d'Europe occidentale: hommes politiques (parlementaires et ministres), dirigeants patronaux et syndicaux, journalistes, intellectuels, etc. Dix-sept pays sont représentés et des observateurs d'Europe de l'Est et des États-Unis sont également dans l'assistance. Les plus importantes délégations viennent de France, de Grande-Bretagne, de Belgique, des Pays-Bas, d'Italie et d'Allemagne. Très ambitieux, le congrès poursuit trois objectifs: prouver l’existence dans tous les pays libres d’Europe d’un mouvement d’opinion en faveur de l’unité du continent, discuter les enjeux de son unité et proposer aux gouvernements des solutions pratiques, insuffler une vigueur nouvelle à la campagne internationale d’opinion.



Les séances plénières de ces «États généraux» européens sont notamment présidées par Anthony Eden et Paul van Zeeland. Les travaux se répartissent en trois commissions: économique et sociale, politique et culturelle. Au cours des débats, deux tendances idéologiques ne manquent pas de s'opposer: les Français, les Belges, les Italiens, les Néerlandais ainsi que la majorité des syndicalistes se montrent favorables aux thèses fédéralistes alors que les Britanniques et les Scandinaves se réclament unionistes et favorables à un rapprochement européen opéré par les gouvernements et les parlements.



La commission économique et sociale plaide pour une élimination progressive des restrictions quantitatives à l'échange des marchandises, une convertibilité des monnaies, la programmation des ressources, la mobilité de la main-d'œuvre, la coordination des politiques économiques et la promotion du plein emploi. La commission politique discute longuement de la mise sur pied d'une assemblée européenne élue au suffrage universel. Elle invite les États européens à mettre en commun une partie de leurs droits souverains et de leurs ressources et plaide pour une Europe unie ouverte à l'Allemagne. La commission culturelle réclame l'adoption d'une charte des droits fondamentaux et d'une Cour suprême, la création d'un centre européen de l'enfance, de la jeunesse et de la culture. Plusieurs vœux exprimés par le congrès de La Haye sont concrétisés dès les mois suivants: Centre européen de la culture (CEC), Collège d'Europe, Assemblée du Conseil de l'Europe et Convention européenne des droits de l'homme.



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