Le conflit yougoslave et la diplomatie de la Communauté européenne

Le conflit yougoslave


Alors que la dislocation de l’Union soviétique s’était faite sans trop de heurts, celle de la République fédérale de Yougoslavie entraîna des années d’une guerre civile particulièrement cruelle qui ne pourra prendre fin qu’avec l’intervention des puissances occidentales.


La République populaire de Yougoslavie proclamée en 1945 par Tito, chef communiste de la résistance aux troupes allemandes, comprenait six Républiques : Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine, Serbie et Montenegro, et deux provinces autonomes : Voïvodine et Kosovo. Tito était parvenu à maintenir cette construction fédérale en dépit des antagonismes entre nationalités, grâce à un régime autoritaire, à la Ligue communiste fédérale et au maintien d’un équilibre entre les Serbes et les autres populations. Il avait rompu avec l’Union soviétique et pris la tête du mouvement des pays non-alignés, faisant jouer à la Yougoslavie un rôle international important. Après sa mort en 1980, le pouvoir fut exercé par un pouvoir collégial qui dut faire face à la détérioration de la situation économique (échec du socialisme autogestionnaire) et surtout à la résurgence des conflits interethniques.


En 1989, Slobodan Milošević accéda à la présidence de la République de Serbie et affirma sa volonté de réaliser une « Grande Serbie », s’étendant aux minorités serbes de Croatie, de Bosnie, de Macédoine. Le statut d’autonomie de la Voïvodine et du Kosovo au sein de la République de Serbie fut aboli. Alors que le parti communiste se maintient en Serbie et au Montenegro, il rompt les ponts avec la Ligue fédérale en Slovénie et en Croatie en février 1990. En avril les réformateurs l’emportent en Slovénie et un gouvernement non communiste est formé en Croatie après des élections libres. En juillet, la Slovénie adopte une déclaration de souveraineté. En septembre, le Kosovo se proclame une République. En novembre, des élections libres en Bosnie voient la défaite des communistes. En décembre, la Croatie se dote d’une nouvelle Constitution lui conférant le droit de faire sécession et un référendum en Slovénie se prononce pour l’indépendance. Les parlements slovène et croate proposent, les 20 et 21 février 1991, la « dissociation » de la Fédération en plusieurs États souverains et autonomes.


Finalement, la Croatie et la Slovénie proclament leur indépendance le 25 juin 1991 et leur « dissociation » de la Fédération yougoslave, ce que le Parlement fédéral rejette. L’armée fédérale, essentiellement serbe, intervient en Slovénie le 27 juin pour prendre le contrôle des postes frontières avec l’Italie, l’Autriche et la Hongrie. Des combats meurtriers commencent. En Croatie, des affrontements sanglants se produisent entre forces de l’ordre croates et extrémistes serbes appuyés par l’armée fédérale.



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